Retour de Tiyoweh*- témoignage
- Claire Arnould
- 3 juin
- 5 min de lecture

Le 25 mai 2025
« Je suis rentrée de Tiyoweh* hier soir. 5 nuits et 4 jours d'obscurité et de solitude pour me retrouver, me régénérer, dormir, rêver. J’y suis restée plus longtemps que jamais auparavant, une envie d’explorer et d’allonger sa durée. Aujourd’hui je reviens chez moi et je contemple, grâce à une journée bénie de transition et de solitude avant de reprendre le travail, tout ce qui a été ensemencé, labouré, mis au jour dans mes entrailles grâce à ce bain de ténèbres si nécessaire à ma vie.
J’ai renoué avec cet état, cet « êtreté » au fond de moi : je suis redevenue celle qui vibre et ne doute pas d’être à sa place. Celle qui se tient à l’endroit où elle ne peut être autrement sans se blesser et qui pourtant se blesse souvent… J’ai réalisé que depuis tout ce temps je l’avais perdue, délaissée. Ce Tiyoweh* fût pour moi un lieu, un état, un RDV avec "l’être-phare" qui m’habite et qui est capable de tout éclairer, de tout révéler, de tout transformer.
Les premiers jours, tellement d’agitation… Moi qui me croyais calme, déjà toute disposée à plonger profond… Je ne réalisais pas à quel point cette vie quotidienne que j’ai choisie et qu’il me semblait aimer me pesait en vérité ! En sortant de ces 5 jours la reprendre comme avant me semble impossible, comme entrer dans des vêtements tellement serrés que je ne pourrai plus bouger. Moi qui avait l’impression de rester consciente au quotidien je me suis retrouvée dans l’histoire de « l’homme sans peau » que raconte Clarissa Pinkola Estès dans son livre « femmes qui courent avec les loups »… ou plus simplement encore, dans celle de la grenouille qui ne se rend pas compte que l’eau chauffe doucement jusqu’à ce qu’il soit trop tard… eh bien oui, moi aussi j’allais bientôt être cuite sans m’en rendre compte ! Heureusement, le Tiyoweh* est ma sauvegarde chaque année, mon assurance que si je me perds encore et toujours, je saurai me retrouver !
Au début donc, j’ai vu s’élever des profondeurs toutes sortes d’agitations, comme des bulles qui remontaient à la surface et qui éclataient en libérant leurs dialogues intérieurs, dilemmes quotidiens, questionnements de tous les jours sur fond de choix existentiels. J’ai aussi pris conscience de la charge mentale quotidienne, celle qui consiste à vivre dans le monde tel qu’il est en essayant de choisir en permanence le plus juste, le plus sain, mais sans jamais être tout à fait convaincue…
Une fois ma conscience réveillée, il ne me semble pas avoir le choix et pourtant c’est si lourd que parfois je préfèrerai avoir le droit de fermer les yeux comme avant et de choisir comme d’autres, la voie de la facilité. Alors quand s’y ajoutent d’autres choix plus importants et que la coupe est pleine, il m’arrive de ne plus vouloir décider, de fuir, d’oublier en regardant des séries, en lisant, en écoutant d’autres vies, d’autres histoires où il n’est pas nécessaire de réfléchir. Je vis alors par procuration à travers eux en soufflant de mes journées alors que se creusent en moi petit à petit des fissures qui rejoignent les gouffres de ma blessure originelle et que je comble alors inconsciemment avec de la nourriture, quelque chose de rassurant, capable de me lester dans tous les sens du terme. Plutôt ça que risquer de quitter le réel en m’évadant davantage dans ces mondes artificiels si tentants que nous proposent les écrans aujourd’hui. Du coup je grossis, ça me pèse et la boucle est bouclée…
Alors voilà, les premiers jours les bulles éclatent, la nourriture n’avait fait qu’en boucher quelques coins et j’entends tout ce qui attendait là, derrière, tous ces processus en cours et non traités, telles des fenêtres sur un ordinateur que j’avais ouvertes et oublié de fermer. Je les accueille une par une et je refuse de tirer les fils de tous ces enjeux qui n’en sont pas vraiment. Je ne suis pas là pour ça, je suis fatiguée de réfléchir, de choisir. J’entends tout simplement ce qui j’agite en moi. Je le remarque mais sans m’impliquer émotionnellement alors que chaque bulle libère pourtant, en éclatant, son quota de peurs, de doutes, de colère, de tristesse…
Au fur et à mesure le calme se fait. J’ai confiance, je connais le processus, je ne suis pas seule. J’ai demandé à tous mes alliés d’être là près de moi et de venir m’aider, me soutenir et me guider. Et je sais que tout au fond de moi, il y a cette flamme de vie qui sait pourquoi elle est venue s’incarner dans cette vie et qu’elle ne me laissera pas tomber. Alors, lentement, au fur et à mesure, j’entre dans la tranquillité et je découvre de nouveau ce silence intérieur, sa merveilleuse profondeur…
J’ai l’impression de comprendre pour la première fois que la tranquillité n’est pas la fin mais seulement le début du chemin. Que c’est seulement lorsque je suis parfaitement sereine et profondément prête à n'importe quoi aussi bien qu'à rien que tout peut, enfin, commencer... !
Étant une rêveuse, je choisi donc de rêver et de voyager, de poser les questions essentielles auxquelles j’avais besoin de répondre pour continuer à être fidèle à qui et ce que je suis. Mon tambour est là mais il ne m’attire pas, alors, pour la première fois, je chevauche le silence et je voyage dans les mondes invisibles à la rencontre de ce et ceux qui comptent pour moi.
Au retour de ce voyage qui m’a éblouie de cadeaux inestimables, de leçons, de compréhension et de précieuses guidances, j’ai envie de laisser mon téléphone de côté. Je ne veux plus en entendre parler. J’accepte qu’il soit un outil quotidien mais je refuse le fil à la patte qu’il était avant pour moi avec ses obligations de répondre en permanence et dans l’instant aux mails, aux messages, aux réseaux sociaux. Je veux rester dans cet état de liberté infinie, dans ce lieu à partir duquel je décide et fais seulement ce qui est bon pour moi au moment où je suis prête et disposée à le faire.
Je suis revenue à la source, je m’y suis baignée et je m’en suis délectée. La vie « d’avant » lorsque je la reprends n’a plus la même saveur et une autre est là, prête à éclore. Une vie quotidienne différente, connectée à mon âme, mon essentiel, mon Orenda. Une vie dans laquelle je m’offre du temps et de l’espace pour vivre et pas « fonctionner », pour œuvrer et pas pour « faire », pour me nourrir et pas pour me « remplir » en bouchant les trous que mon quotidien ne parvient pas à combler. Là, quand j’y reviens, tout est plein, tout est Un et je peux enfin être et aimer.
Combien de temps vais-je tenir cette fois avant que l’eau ne se mette à chauffer doucement et que j’oublie d’être dans suffisamment dans ma peau pour le remarquer ? Je ne sais pas, la vie me le dira ! Chaque fois je franchis un pas, chaque fois je me rapproche de celle que je suis vraiment, chaque fois je me donne une chance de l’incarner, de la laisser être et de la partager.
Et puis, si je me perds… il y aura toujours le prochain Tiyoweh* !! »
*Pour en savoir plus sur cette pratique que j'appelle "un Tiyoweh" et qui prend sa source dans les enseignements des 13 Mères Originelles rdv ici : https://bb4pw.r.sp1-brevo.net/mk/mr/sh/SMJz09SDriOHTC3HjK2H45n2CvQc/vjOjR6rKspMt
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